LES BIENFAITS DE LA RESPIRATION ABDOMINALE

« Quand la respiration est instable, le mental est instable, quand la respiration est stable, le mental est stable et le yogi atteint l’immobilité. C’est pourquoi on doit maitriser la respiration. »

Hatha-Yoga Pradipika, chap. II, verset 2.

Au quotidien, nous vivons sans nous soucier de notre respiration. Cet acte vital est tellement naturel que nous le réalisons sans en avoir conscience. D’ailleurs, nous ne respirons jamais pleinement : la plupart du temps, nous utilisons notre thorax. Or, on estime qu’avec la respiration thoracique, nous remplissons seulement 30% de nos poumons. Impossible, dans ces conditions, d’expérimenter les bienfaits d’une respiration complète.

Par ailleurs, dans les moments de stress, de surmenage ou de tension, la respiration est notre miroir. Elle reflète notre état émotionnel. Si notre mental est perturbé, notre respiration le sera aussi. Qui n’a jamais eu la sensation d’avoir le souffle court ? De ne pas réussir à respirer normalement ?

Pour Patanjali, la respiration ou Pranayama est l’une des huit branches du Yoga. Le mot « pranayama » signifie contrôle du  prana par le souffle. Le prana est l’énergie vitale qui circule en nous et à l’extérieur de nous. C’est une énergie cosmique dont on trouve l’équivalent en Chine (le Qi) et au Japon (le Ki).

Il est possible de considérer le pranayama comme un pont entre les disciplines physiques et mentales du yoga car si l’action en elle-même est bien physique, les bienfaits sont d’ordre mental : un esprit plus stable, plus calme et lucide.

La pratique respiratoire est fondamentale en yoga. L’attention du yogi doit constamment se porter sur le souffle. C’est à travers sa maîtrise que l’on parvient à progresser dans la réalisation des postures, en envoyant le prana dans les différentes régions du corps, mais c’est aussi grâce au pranayama que l’on peut méditer.

Progressivement, le yogi parvient à maintenir son attention sur le souffle même quand il n’est plus sur son tapis.

Les bienfaits du pranayama sur le corps et le mental sont proches de ceux de la méditation. Une fois la respiration yogique installée, tout devient plus simple, plus fluide, plus évident.« Ce qui cache la lumière se dissipe. Et l’esprit devient capable des diverses formes de concentration ».

Tatah kshîyaté prakâsha-âvaranam. Dhâranâsu cha yogyatâ manasah », Patanjali, Yoga-Sutras, II.52 ; II.53)

« Par la pratique de la respiration, on peut s’élever au-dessus de ses problèmes, soucis, et difficultés, et retrouver la sérénité dun mental apaisé ».

Françoise Mazet, professeure de Yoga

Petit exercice pratique

Pour ramener un peu de calme à l’intérieur de soi, il peut être intéressant de pratiquer la respiration ventrale ou abdominale, qui est aussi appelée respiration avec le diaphragme. Le diaphragme est un petit muscle qui se situe sous nos poumons. A l’inspiration, ce petit muscle se resserre pour laisser plus de place aux poumons et à l’expiration, il comprime les poumons pour évacuer l’air.

Chaque fois qu’une situation provoque en nous une émotion négative, prenons quelques instants pour nous isoler dans un endroit tranquille. Installons-nous dans une assise confortable, le dos droit. Fermons les yeux et posons les mains sur notre ventre.

Inspirons par le nez, profondément, en gonflant notre ventre comme un gros ballon. Expirons par le nez, doucement, le plus silencieusement possible, en tirant le nombril vers la colonne vertébrale. Il faut essayer d’aller jusqu’au bout de l’inspire et de l’expire, d’allonger le souffle le plus possible. Sentons nos mains qui se soulèvent à l’inspiration et qui s’abaissent à l’expiration, suivant le mouvement fluide et lent de notre ventre.

Ce cycle respiratoire sera répété à plusieurs reprises. En cas de grosse crise d’angoisse ou de choc émotionnel, nous pouvons ajouter une rétention de souffle à la fin de l’inspire et à la fin de l’expire durant quelques secondes. Pour ma part, je tiens environ huit secondes. Le fait de bloquer l’air dans les poumons active le nerf vague, ce nerf crânien chargé de réguler nos réponses de repos, de digestion, de besoin d’évasion et de relaxation.

Après quelques séries de respiration ventrale, nous nous sentons apaisés et sereins. Nous réalisons que cette situation qui nous agaçait un peu plus tôt est désormais loin, très loin de nous, et qu’il était vain d’y attacher autant d’importance… Il y a de fortes chances qu’après cela, nous nous sentions plus légers.

L’un des grands avantages de la respiration ventrale est qu’elle peut être pratiquée n’importe où et n’importe quand. Dans les transports en commun, au travail, dans notre lit,… Nous pouvons même la réaliser en effectuant d’autres activités.

Souvent, je respire par le ventre quand je cuisine ou quand je range le linge. Le fait de respirer par le ventre pendant les tâches ménagères a quelque chose d’apaisant. J’arrive même à y trouver un certain plaisir car je prends le temps de respirer. J’inspire, j’expire, je suis le rythme de mon souffle et je m’investis dans cette tâche; cet acte qui me paraissait rébarbatif ou de l’ordre de la corvée m’apparaît tout à coup pour ce qu’il est : un simple acte ménager, que je réalise en ce moment avec application, mais que je ne ferai plus dans une heure ou que j’aurai oublié ce soir en allant dormir.

Si tout est changeant et éphémère, la respiration nous le rappelle constamment.

Petit exercice pour les « ruminants »

Si nous avons tendance à ruminer, cela peut altérer notre vie toute entière. Les pensées qui se lancent dans un bavardage interminable, la difficulté à s’endormir alors que la fatigue est là, les mêmes idées qui viennent et reviennent inlassablement, tout cela nous épuise nerveusement et a de grandes répercussions sur notre moral.

Pour toutes les personnes qui se reconnaissent dans ce portrait, sachez que la respiration ventrale au moment du coucher peut vraiment vous aider. Il suffit de vous allonger dans votre lit, de fermer les yeux, les mains posées sur votre ventre, et de réaliser le même exercice que celui décrit précédemment. Vous pouvez aussi imaginer un endroit agréable qui vous évoque le calme et la tranquillité. Le bord d’un lac, le sommet d’une montagne, une forêt, la maison de votre enfance, pourquoi pas un lieu vu dans un film, ou un endroit que vous avez visité lors d’un voyage. Tout est bon tant que cela vous procure un sentiment de paix et d’harmonie.

La visualisation d’un lieu précis aide à focaliser le mental. On focalise son attention sur ce lieu, on en dessine intérieurement les couleurs, les formes, les détails… Et on oublie nos pensées. Celles-ci reviendront peut-être à quelques reprises, il vous faudra alors vous concentrer davantage sur ce lieu apaisant. Petit à petit, le flux de pensées se calmera, l’esprit s’apaisera et vous pourrez enfin plonger dans le doux et profond sommeil que vous méritez.

Je vous souhaite une belle et douce pratique !

Namaste

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