
Le Danseur ou Natarajasana est dédié au dieu hindou Shiva.
Comme la plupart des divinités hindoues, Shiva est connu sous plusieurs formes. L’une de ses manifestations est Shiva Natarajasa : le Seigneur de la danse. En sanskrit, « nata » signifie « danse » et « raja » signifie « roi ». Shiva Nataraj accomplit la danse cosmique: la danse de la création et de la destruction. Elle symbolise le renouvellement périodique de l’univers, le cycle des saisons qui se répètent à l’infini. Il s’agit d’une représentation de la vie et la mort : une saison naît quand la précédente meurt, cette progression est éternelle et elle incarne l’essence-même de notre univers.
En dansant, Shiva marque le rythme grâce à une sorte de clochette ou petit tambour en forme de sablier, le damaru, qu’il tient dans la plus haute de ses mains droites. Le damaru symbolise la pulsation du cosmos ou la pulsation primitive (mâyâ). Il s’agit de la pulsation sonore qui fait naître la vie. A chaque battement, Shiva crée ainsi les quatre éléments : l’air, le feu, l’eau et la terre. Le damaru représente également le rythme de la destruction : au terme de sa danse, Shiva fait jaillir l’étincelle qui provoque la destruction de l’univers. Voilà donc ce que signifie le renouvellement périodique : par la destruction, l’univers renaît. La vie engendre la mort et inversement, c’est pourquoi Shiva est à la fois le dieu du commencement et de la fin. Naissance et mort participent d’un même mouvement.
Natarajasana rend hommage à cette danse cosmique : le Yogi est censé l’exécuter comme une danse, avec grâce et fluidité. La posture en elle-même est pleine de grâce, très agréable à regarder.
En effectuant cette posture, on se sent un tout petit peu comme le grand Shiva : empli d’une énergie brûlante, d’un feu créateur qui circule dans tout le corps. Cette posture est particulièrement énergisante. On se sent plein de dynamisme car la souplesse et l’agilité exigées pour son maintien procurent une importante vitalité. Comme on se sent fort et imperturbable dans cette posture délicate et harmonieuse. L’équilibre que l’on trouve dans Natarajasana appelle l’équilibre du mental ; peut-être se sent-on davantage en harmonie avec soi-même et avec le monde. Peut-être a-t-on tout simplement la sensation d’être bien. Dans un cas comme dans l’autre, le Yoga a réussi son oeuvre : il nous a transformé un tout petit peu.
Les Bienfaits
Hormis son aspect esthétique, Natarajasana apporte de nombreux bienfaits au corps et à l’esprit.
Tout d’abord, cette posture renforce les muscles des jambes, qu’elle rend plus souples, ainsi que les chevilles. Elle permet ensuite un plein développement de la cage thoracique : la poitrine et les poumons sont ouverts, le Chakra du cœur peut donc lui aussi s’ouvrir. Les muscles pectoraux et intercostaux sont tonifiés, les muscles abdominaux étirés, ce qui facilite la digestion et aide à lutter contre la constipation.
C’est aussi tout le haut du dos qui bénéficie de l’exercice : la colonne vertébrale est assouplie, les omoplates sont ouvertes, ce qui permet de relâcher toutes les tensions émotionnelles. Natarajasana permet également d’étirer l’aine.
Enfin, cette posture développe le sens de l’équilibre, la concentration, la confiance en soi et l’enracinement, tout en donnant un port de tête gracieux. ?
Les étapes
1. On commence en posture de la Montagne (Tadasana). On lève le pied droit, on recule le genou et on fléchit la jambe afin que la plante du pied soit dirigée vers le haut. On peut plier légèrement la jambe de terre : cela aide à trouver son équilibre.
2. Avec la main droite, on attrape le pied droit, soit au niveau du mollet, soit au niveau du milieu du pied, ou bien, si l’on est très souple, au niveau des orteils.
3. Une fois qu’on a attrapé son pied, on ancre fermement le pied gauche dans le sol et on tend la jambe gauche au maximum. Toute la partie inférieure gauche du corps doit être active, cela va de la plante du pied jusqu’à la hanche. En même temps, on tend le bras gauche droit devant soi. Ici, plusieurs variantes sont possibles : on peut laisser le bras gauche parallèle au sol et pointer le bout des doigts en avant ; on obtient ainsi une ligne parfaitement droite de l’épaule jusqu’au bout des doigts. On peut également lever le bras vers le ciel. On peut enfin laisser le bras à l’horizontal et casser le coude. L’avant-bras et la main sont alors dirigés vers le ciel (comme sur la photo).
Quelle que soit la position du bras, il est possible d’exécuter un sceau avec la main gauche, en particulier Chin mudra, le mudra du menton (voir sur la photo). On reste ainsi ouvert et réceptif à ce qui vient.
4. Quand on se sent stable sur sa jambe d’appui, on amène la jambe droite en haut et en arrière tout en la maintenant avec la main droite, afin que le pied arrive au niveau de la tête. En amenant la jambe droite en arrière et vers le ciel, il y a comme un effet de bascule; naturellement, le buste s’incline vers l’avant.
Le but à présent est de maintenir la hanche droite abaissée afin que la cuisse reste parallèle au sol. Pour que la posture soit parfaite, B.K.S Iyengar précise : « la cuisse droite sera horizontale et le mollet droit sera vertical ». C’est cet aspect de la posture qui est, à mon sens, le plus difficile : on est naturellement tenté d’ouvrir la hanche, parce que l’ouverture de hanche aide à lever la jambe vers le ciel. Mais en ouvrant la hanche, on perd l’horizontalité de la cuisse. Il faut donc s’efforcer de garder la hanche parallèle au sol.
5. Si tout va bien, on est désormais installé. On peut donc rester ici pendant plusieurs respirations. On essaie de respirer de manière profonde, lente et, si possible, avec le ventre.
Le mieux, pour maintenir l’équilibre, est de fixer un point au loin ou « drishti » (technique de focalisation oculaire). En effet, la focalisation du regard sur un point précis stabilise l’équilibre.
Quand on a le sentiment d’être resté suffisamment longtemps dans cet asana, on repose délicatement le pied droit au sol et on revient en posture de la Montagne pendant quelques instants. Quand on se sent prêt, on effectue les mêmes étapes avec le pied gauche.
Si on est vraiment à l’aise avec cette posture, on peut intensifier l’équilibre : il suffit d’attraper le pied droit avec les deux mains et de le poser contre le crâne. La tête peut s’incliner en arrière, il est ainsi plus facile d’atteindre le crâne avec la plante du pied.
Voilà pour Natarajasana. Je suis convaincue qu’avec un peu d’entraînement, vous allez danser tous les jours !
Je vous souhaite une belle et douce pratique.
Namaste
